Rollandin: « cette journée doit nous aider à réfléchir sur l'exemple d'unité qu'elle nous a donné »
BIONAZ. Par un après-midi ensoleillé, le petit cimetière de Bionaz a accueilli aujourd'hui la commémoration du 30e anniversaire de la mort de Maria Ida Viglino. Les représentants des institutions de la Région, ainsi que de simples citoyens, ont ainsi voulu rendre hommage à cette femme qui a marqué l'histoire récente de la Vallée d'Aoste et qui est décédée le 24 juin 1985.
Lors de son allocution, le Président de la Région, Augusto Rollandin, a rappelé trois moments saillants de la vie de Mlle Viglino, qui synthétisent bien toute son existence « le premier, lors de la Résistance, quand elle cachait sous son rôle d'estafette et sous le prénom de Piera les capacités d'organisation et de commandement du maquisard Mario. Mario était en effet son deuxième nom de bataille, sous lequel elle reçut – dans le Lycée classique dont elle serait devenue le proviseur et qui était alors le siège de l'état-major allemand – la reddition du commandant de la garnison d'Aoste, tout étonné d'avoir à faire à une jeune femme, présidente incognito du Comité de Libération local ». « Le deuxième, dans l'après-guerre, lors de la lutte pour la conquête de l'autonomie régionale, où elle se démontra l'inflexible défenseur du droit des Valdôtains à décider de leur propre destinée et l'un des porte-drapeaux du principe de la garantie internationale. Et le troisième, enfin, lorsqu'elle fut appelée à remplir les fonctions d'Assesseur régional à l'Instruction publique et œuvra pour la réunification du mouvement autonomiste, consciente que seul un front fort et uni des autonomistes pourrait enrayer les tendances centralistes toujours présentes au sein des structures de l'État ».
« En ce moment où nous vivons des situations difficiles de tous les points de vue – a conclu le Président -, cette journée doit nous aider à réfléchir sur l'exemple d'unité qu'elle nous a donné et à nous engager à fond dans le seul but d'agir pour le bien de notre région et de notre communauté ».
« Cette tombe sobre et ouverte à la contemplation des sommets est bien à l'image de la vie et de l'action de cette éminente personnalité valdôtaine, qui cachait sous sa simplicité sa grandeur d'esprit et sa volonté de fer, grâce auxquelles elle avait surmonté les nombreuses difficultés rencontrées au cours de sa vie » a dit l'Assesseur à l'éducation et à la culture, Emily Rini. « L'expérience de l'émigration, la volonté de se réinsérer pleinement dans sa communauté d'origine, la nécessité de reprendre ses études, la lutte pour la liberté pendant la Résistance et pour l'autonomie à la suite du second conflit mondial, avaient contribué à mettre en lumière ses excellentes capacités intellectuelles et sa ferme volonté de suivre ses principes et d'atteindre les objectifs qu'elle s'était fixés depuis sa jeunesse. Défenseur convaincu de la minorité linguistique valdôtaine, elle ne cessa de s'engager pour réaliser au sein de l'école un véritable bilinguisme. Issue d'un milieu campagnard, elle n'oublia jamais ses racines et considéra toujours comme sa mission prioritaire, ce devoir qu'elle jugeait inhérent à la politique : défendre les faibles et parler au nom de ceux qui n'ont pas la possibilité de le faire. Elle marqua aussi une étape importante dans l'histoire valdôtaine du point de vue de l'émancipation féminine ».
« A' une époque où les femmes n'avaient pas encore le droit de voter - a ajouté l'Assesseur - , elle présida le Comité de Libération de la Vallée d'Aoste et fit partie du premier Conseil de la Vallée, dont elle fut secrétaire. Son engagement au sein des formations politiques et des institutions dans les décennies successives marqua en profondeur la vie publique valdôtaine, confirmant l'importance du rôle des femmes dans notre société régionale. »
Après les chants et les prières dirigées par le père Eugène Dramou, le Président Rollandin et l'Assesseur Rini, avec la famille de Mlle Viglino, ont déposé une gerbe sur la tombe.
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